Pouchkine, le poète éternellement célébré et représentant d'un Siècle d'or, né le 26 mai 1799 et décédé le 29 janvier 1837. Il représente à lui seul, ce que l'âme slave peut avoir de plus pénétrant et de plus déchirant. Il succombera comme il aura vécu, d'un poignard plutôt que d'un doux rêve.
Que j’erre au long des rues bruyantes,
Que j’entre dans un temple plein,
Que j’aille aux assemblées brillantes,
Mon rêve me poursuit sans fin.
Regardant fuir les ans, je pense :
Nous devrons tous – oui, tous – un jour
Partir pour l’éternelle absence –
Et l’heure sonne… À qui le tour ?
Je dis au chêne solitaire,
Au patriarche de nos bois :
Tu survécus à tous mes pères,
Et tu vivras bien après moi.
Je dis tout bas lorsque j’embrasse
Un jeune enfant : adieu, chéri !
Je pars pour te céder la place,
Je vais pourrir, et toi – fleuris !
J’ai pris le pli de reconduire
Par la pensée les jours, les ans,
Tâchant sans cesse de prédire
L’approche du fatal instant.
La mort doit-elle me surprendre
En route, en mer, dans les combats ?
Ou bien l’on enfouira ma cendre
Dans le vallon voisin, là-bas ?
À mon cadavre inerte et blême
Qu’importe où se décomposer ?
Pourtant, plus près des lieux que j’aime
Mon vœu serait de reposer.
Pour que devant ma sépulture,
La vie reprenne ses ébats,
Qu’indifférente, la nature
Répande un éternel éclat.
- Alexandre Pouchkine, 1829
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