Pays du Moyen-Orient - Les ruines de la Perse antique dans l'Iran actuel
- Zolnichka
- 31 mai 2024
- 15 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 juin 2024
La mort récente du président Iranien Ebrahim Raïssi et du ministre des affaires étrangères iranien remet en lumière, avec une légère teinte d’incertitude, la nation iranienne. La question des influences sur le fonctionnement actuel de l'Iran, notamment le lien intime entre religion et politique, revient sur la table alors qu’un nouveau successeur au Guide Suprême devrait être désigné. Le fonctionnement interne de l'Iran est une nouvelle fois exposé aux feux des projecteurs
Nouveau Spleen vous propose un petit focus sur l'histoire et la culture perse pour finalement proposer une vision spéculative de la situation politique de l'Iran.
La Mythologie Perse
La mythologie est une base intéressante du fonctionnement de toute société, son rapport à la collectivité, à la mort, l'économie et bien d'autres domaines qui façonnent une culture.
Pour essayer de la faire courte, la mythologie perse puise ses racines dans deux grandes sources : l'Avesta, le livre sacré du zoroastrisme, et le Shahnameh (Livre des Rois), une épopée écrite par le poète Ferdowsi au Xe siècle.
Quelques figures mythologiques ayant marqué l'Iran actuel
Le système allégorique de la mythologie perse, bien connu de la mythologie égyptienne et de la mythologie grecque, permet d'identifier quelques dieux et héros épiques, ayant laissé une empreinte indélébile dans les mentalité et la sociologie des Iraniens et de leurs ancêtres.
Dieux les plus notables dans la lecture culturelle et sociologique de l'Iran actuel
Ahura Mazda - dieu de la sagesse et de la lumière, représentant du bien - et Angra Mainyu - esprit du mal, représentant des forces destructives et des ténèbres - sont les figures les plus antagonistes de cette mythologie. Ils incarnent une lutte éternelle entre le bien et le mal, qui est le thème central de la religion zoroastrienne. Bien plus prononcée que dans les mythologies précitées ou encore la mythologie sumérienne, plus nuancées sur les figures du bien et du mal.
Mithra - dieu de la lumière et de la justice - et Anahita - déesse de l'eau et de la fertilité - ont quant à eux influencé les pratiques religieuses et les festivals en Iran.
Héros épiques - Rostam
Rostam est un personnage central de la mythologie persane, principalement connu à travers le Shâhnâmeh, le "Livre des Rois" de Ferdowsi. Il est souvent représenté comme un héros parfait, doté de toutes les qualités d'un champion mythique : force surhumaine, courage inébranlable, loyauté envers son roi et son pays, et un sens aigu de la justice (une sorte de Hercule perse). Ses exploits sont racontés avec admiration et révérence, soulignant son statut légendaire dans la culture persane. Parmi ses exploits les plus notables, nous retrouvons :
Les Sept Travaux de Rostam (Haft Khân)
Les sept travaux de Rostam sont une série d'épreuves qu'il doit surmonter pour sauver le roi Kavus de Mazandaran :
Premier travail : le lion - Rostam tue un lion qui attaque son cheval Rakhsh.
Deuxième travail : le désert - Rostam survit à une traversée ardue d'un désert.
Troisième travail : le dragon - Rostam tue un dragon gigantesque.
Quatrième travail : la sorcière - Rostam démasque et tue une sorcière maléfique.
Cinquième travail : le démon div - Rostam combat et tue le puissant démon Div-e Sepid.
Sixième travail : le Roi Arzhang - Rostam tue le roi démon Arzhang Div.
Septième travail : libération de Kavus - Rostam libère enfin le roi Kavus et ses hommes, prisonniers du démon.
Le combat contre Sohrab
Rostam se bat contre Sohrab, un jeune guerrier puissant qui est en réalité son fils. Aucun des deux ne connaît la véritable identité de l'autre. Le combat se termine tragiquement par la mort de Sohrab, et Rostam découvre trop tard qu'il a tué son propre fils.
La guerre contre Afrâsiâb
Rostam joue un rôle crucial dans les nombreuses guerres contre Afrâsiâb, le roi de Touran. Sa bravoure et ses compétences en combat aident souvent à remporter des victoires importantes pour l'Iran.
La capture de l'éléphant blanc
Un des exploits de Rostam est la capture d'un éléphant blanc, un animal sacré et rare, ce qui démontre non seulement sa force mais aussi sa sagesse et son habileté à utiliser des stratégies intelligentes.
Le combat contre le dragon d'eau
Rostam combat et tue un dragon d'eau qui terrorise la région de Sistan, libérant ainsi les habitants de la menace.
L'invincibilité en duel
Rostam est réputé pour être invincible en duel. Il remporte de nombreux combats contre les champions les plus puissants et les plus redoutés de son époque.
Sauvetage de Bijan
Rostam sauve Bijan, un noble iranien, des griffes d'Afrâsiâb. Ce sauvetage héroïque est une démonstration supplémentaire de sa bravoure et de sa loyauté.
Les qualités représentées par Rostam sont très valorisées dans la culture iranienne actuelle, principalement la loyauté.
De la mythologie à nos jours - influences de récits épiques
Le Shâhnâmeh, ou "Livre des Rois", écrit par le poète Ferdowsi au début du XIe siècle, est l'une des œuvres les plus importantes de la littérature persane. Son influence sur la culture et la littérature iraniennes est profonde et durable.
Préservation de la langue persane
Le Shâhnâmeh a joué un rôle crucial dans la préservation et la revitalisation de la langue persane après la conquête arabe de la Perse. À une époque où l'arabe devenait dominant, le poème épique a réaffirmé la richesse et la beauté de la langue persane, contribuant à son renouveau et à sa préservation.
Le Shâhnâmeh est également un sujet d'étude important dans les programmes éducatifs iraniens. Les chercheurs en littérature persane et en histoire étudient l'œuvre pour mieux comprendre la culture, la langue et l'histoire de l'Iran. Les étudiants apprennent souvent des passages du Shâhnâmeh, renforçant ainsi leur connaissance de la langue et de la culture persanes.
Influence culturelle, littéraire et artistique
Influence littéraire
Le Shâhnâmeh a influencé de nombreux poètes et écrivains iraniens. Des auteurs comme Nezami, Attar, et Hafez ont puisé dans ses thèmes et ses motifs. La structure narrative, les descriptions épiques et le style poétique du Shâhnâmeh ont servi de modèle pour d'autres œuvres littéraires persanes.
Impact sur les arts visuels
Les histoires du Shâhnâmeh ont inspiré d'innombrables œuvres d'art en Iran, notamment des miniatures, des fresques et des sculptures. Les scènes des exploits de Rostam, des batailles épiques et des événements légendaires ont été représentées dans diverses formes d'art, enrichissant ainsi le patrimoine visuel iranien.
Culture populaire et folklore
Les récits du Shâhnâmeh ont été intégrés dans la culture populaire et le folklore iranien. Des contes racontés aux enfants, des pièces de théâtre traditionnel (comme le Naqqāli, une forme de récitation dramatique du Shâhnâmeh), et des célébrations culturelles incorporent souvent des éléments de ces histoires. Les personnages et les événements du Shâhnâmeh continuent de vivre dans l'imaginaire collectif iranien.
Influence identitaire, politique et morale
Référence politique et morale
Le Shâhnâmeh a souvent été utilisé comme une source de référence morale et politique. Les histoires de justice, de bravoure et de trahison fournissent des leçons et des exemples pour les dirigeants et le peuple. Les valeurs et les idéaux présentés dans le Shâhnâmeh ont servi de guides pour la conduite personnelle et sociale. Une sorte de référence politique et ou tactique comme l'ont été les ouvrages Le Prince de Machiavel - inspirant les souverains et politiques européens, notamment en étant la base de la théorie réaliste des relations internationales - et l'Art de la guerre de Sun Tzu.
Formation de l'identité nationale
Le Shâhnâmeh est souvent considéré comme un pilier de l'identité nationale iranienne. En racontant l'histoire mythologique et historique de l'Iran depuis la création du monde jusqu'à la conquête islamique, Ferdowsi a créé un lien fort entre les Iraniens et leur passé glorieux. Les personnages héroïques, comme Rostam, et les récits des rois et des guerriers ont instillé un profond sentiment de fierté nationale et de continuité culturelle.
Influence religieuse du zoroastrisme
Bien que l'Iran soit majoritairement musulman, les concepts de pureté, de vérité et de dualisme moral issus du zoroastrisme persistent.
Le zoroastrisme est souvent considérée comme l'une des plus anciennes religions monothéistes du monde. Elle tire son nom de son fondateur, Zarathoustra (Zoroastre en grec), qui aurait vécu en Iran il y a environ 3 500 ans.
Principes moraux
Dualisme : Le zoroastrisme repose sur un concept dualiste fondamental, opposant le bien et le mal, comme mentionné plus tôt sur l'antagonisme opposant Ahura Mazda et Angra Mainyu.
Libres Arbitres : Les adeptes du zoroastrisme croient en la capacité de chaque individu à choisir entre le bien et le mal, ce qui influence leur vie sur terre et leur destinée dans l'au-delà. Les bonnes actions sont récompensées par la félicité éternelle, tandis que les mauvaises actions entraînent des conséquences néfastes. Même principe que le karma, en somme
Purification et Rituel : La purification est une partie importante de la pratique zoroastrienne. Les fidèles cherchent à maintenir la pureté physique et spirituelle en pratiquant des rituels tels que les ablutions, la prière et la vénération du feu sacré, symbole de la présence divine.
Pratiques religieuses
Les Temples du Feu : Les temples du feu sont des lieux de culte importants pour les zoroastriens, où le feu sacré est vénéré comme un symbole de la lumière divine et de la pureté. Les fidèles se réunissent pour prier, méditer et participer à des rituels religieux.
Les Textes Sacrés : Les textes sacrés du zoroastrisme sont regroupés dans l'Avesta, composé de plusieurs sections, dont le plus ancien est le Gathas, attribué à Zarathoustra lui-même. L'Avesta contient des prières, des hymnes et des enseignements sur la morale, la spiritualité et la cosmologie.
Héritage dans l'Iran actuel et religions du monde
Bien que le zoroastrisme soit aujourd'hui une religion minoritaire, avec une communauté relativement restreinte, elle continue de jouer un rôle important dans la culture et l'histoire de l'Iran. Les zoroastriens restent dévoués à leur foi ancestrale, préservant ses traditions et ses enseignements pour les générations futures. Toutefois, comme mentionné plus tôt, ces idées influencent encore la pensée religieuse et éthique en Iran.
Aussi, le zoroastrisme a eu une influence significative sur de nombreuses religions et cultures, en particulier dans la région de l'Iran et au-delà. Certains concepts zoroastriens, tels que le dualisme et la notion de jugement après la mort, se retrouvent dans le judaïsme, le christianisme et l'islam.

Préservation d’un patrimoine et d’une histoire prestigieuse
Le gouvernement iranien a adopté plusieurs mesures pour valoriser l'histoire perse et promouvoir son riche patrimoine culturel, afin de renforcer l'identité nationale et de préserver l'héritage ancestral du pays.
Promotion du patrimoine historique
Conservation des sites archéologiques : le gouvernement iranien avait accordé une grande importance à la conservation et à la restauration des sites archéologiques majeurs tels que Persépolis, Pasargades et Suse afin de préserver les vestiges de l'ancienne civilisation perse et les rendre accessibles au public.
Musées et institutions culturelles : des musées et des institutions culturelles sont établis à travers le pays pour exposer des artefacts et oeuvres d'art perses. Le plus notable serait probablement le musée archéologique d'Iran, exposant des vestiges et découvertes relatives à la Perse antique.
Promotion de la langue et de la littérature persane
Le gouvernement encourage l'enseignement et la promotion de la langue persane à travers le système éducatif, les centres culturels (CEOMEP) et les institutions académiques. Des initiatives sont également lancées pour le soutien aux écrivains, poètes et chercheurs travaillant dans le domaine de la littérature persane, notamment par le biais de subventions, de bourses et de prix littéraires, notamment le prix Merhegan;
Célébration des festivals traditionnels
Le Nouvel An persan, le Nowruz, est célébré avec faste à travers le pays et marque le début du printemps, symbole de renouveau et de renaissance. Le gouvernement soutient activement ces festivités, notamment le Haft-Seen. Ce dernier consiste, comme la crèche chrétienne, à la disposition de sept objets symboliques :
Sabzeh (سبزه) – blé, haricot mungo ou lentilles dressés dans un plat
Samanu (سمنو) – germes de blé sucrées préparées dans une pâtisserie
Senjed (سنجد) – oléastre
Serkeh (سرکه) – vinaigre
Seeb (سیب) – pomme
Seer (سیر) – ail
Somagh (سماق) – sumac
D'autres festivals culturels sont célébrés, notamment celui de Tirgan. Cette fête est dédiée à Tishtrya, le dieu zoroastrien des nuages, de l'eau et de la fertilité au service du dieu lumière Ahura Mazda. Tishtryia est en conflit permanent avec Aposha, démon de la sécheresse.
Cette fête souligne l'importance de la lumière, de la vérité, de l'amitié et des pactes, des valeurs essentielles dans la culture iranienne. Mehregan rappelle également les anciens liens avec la nature et les cycles saisonniers, honorant ainsi le riche patrimoine agricole de l'Iran.
La fête Tirgan célèbre non seulement la mythologie et la religion zoroastrienne, mais aussi l'importance de l'eau et de la nature dans la vie quotidienne. Elle rappelle aux Iraniens l'importance de la gratitude pour les ressources naturelles et la joie de la communauté.

Cinéma, arts et musique
Le gouvernement soutient l'industrie cinématographique et théâtrale pour promouvoir les récits historiques et mythologiques perses à travers des films, des pièces de théâtre et des productions artistiques, permettant ainsi de diffuser largement la culture perse à un public national et international. Cela est également le cas pour l'industrie cinématographique et théâtrale pour la promotion des récits historiques et mythologiques à travers des films, pièces de théâtre et des productions artistiques.
Les artistes visuels et les musiciens sont également encouragés à s'inspirer de l'histoire et de la culture perses dans leurs œuvres, contribuant ainsi à la création d'une expression artistique contemporaine qui rend hommage aux traditions ancestrales de l'Iran.

Néanmoins, les sanctions économiques imposées par la scène internationale a induit des coupes budgétaires conséquentes, au grand dam des trésors patrimoniaux et vestiges de la Perse antique.
L'Iran au coeur du tumulte des pays du Moyen-Orient et de la géopolitique globale
En 2024, l'Iran se trouve dans une situation géopolitique complexe, marquée par plusieurs facteurs clés, notamment la mort du président, les défis économiques persistants, les tensions régionales et les négociations sur le nucléaire.
La mort du président a déclenché une période de transition politique et d'incertitude quant à la direction future du pays. Des factions politiques rivales se disputent le pouvoir et l'influence. Les élections présidentielles anticipées pourraient être organisées dans un contexte de contestation et de compétition politique intense. Les factions politiques pourraient être résumées de la manière suivante :
Conservateurs (principalistes)
Les conservateurs, ou principalistes, sont généralement favorables à la préservation des principes de la Révolution islamique et au maintien des valeurs traditionnelles islamiques. Ils soutiennent le Guide suprême et sont souvent sceptiques vis-à-vis des réformes politiques ou sociales radicales.
Caractéristiques :
Accent sur la préservation des valeurs islamiques.
Opposition aux influences culturelles occidentales.
Souvent sceptiques ou hostiles aux réformes économiques et politiques libérales.
Soutien fort aux institutions révolutionnaires, comme les Gardiens de la Révolution.
Groupes Notables :
Front de la stabilité islamique : Une faction ultra-conservatrice.
Front populaire des forces de la Révolution islamique : Un regroupement de divers groupes conservateurs.
Réformistes
Les réformistes cherchent à introduire des changements politiques, économiques et sociaux tout en restant dans le cadre de la République islamique. Ils plaident pour plus de libertés civiles, des réformes démocratiques et une politique étrangère plus ouverte.
Caractéristiques :
Promotion des droits civiques et de la liberté d'expression.
Volonté d'améliorer les relations avec l'Occident.
Soutien à des réformes économiques pour attirer les investissements étrangers.
Favorables à une plus grande participation de la société civile dans le processus politique.
Groupes Notables :
Front de participation islamique d'Iran : Un des principaux partis réformistes.
Organisation des Moudjahidines de la Révolution islamique : Un autre groupe influent dans le camp réformiste.
Modérés (pragmatiques)
Les modérés, ou pragmatiques, cherchent un équilibre entre les idéaux révolutionnaires et les besoins de modernisation économique et politique. Ils sont souvent associés à la figure de l'ancien président Hassan Rouhani.
Caractéristiques :
Politique étrangère pragmatique et engagement avec la communauté internationale.
Réformes économiques pour libéraliser l'économie tout en maintenant un contrôle étatique.
Modération dans les politiques sociales et culturelles.
Approche équilibrée entre conservatisme et réformisme.
Groupes Notables :
Parti de la modération et du développement : Associé à Hassan Rouhani.
Coalition des réformateurs et des modérés : Un groupe plus large qui inclut des membres de différents partis réformistes et modérés.
Indépendants
Il existe également de nombreux politiciens indépendants qui ne s'identifient pas strictement avec l'une des grandes factions. Ils peuvent avoir des positions variées et souvent pragmatiques, cherchant à représenter les intérêts de leurs électeurs plutôt que de suivre une ligne de parti stricte.
Factions Elites et Organisations Révolutionnaires
Certaines factions ne sont pas strictement politiques mais jouent un rôle crucial dans la politique iranienne en raison de leur pouvoir économique et militaire, comme les Gardiens de la Révolution islamique (IRGC).
Caractéristiques :
Grande influence sur la politique étrangère et de sécurité.
Contrôle significatif sur des secteurs clés de l'économie.
Position intermédiaire, souvent conservatrice, mais parfois pragmatique selon les besoins stratégiques.
Ces factions et groupes politiques contribuent à un système politique dynamique et souvent conflictuel, où les alliances et les oppositions peuvent changer en fonction des enjeux spécifiques et des événements nationaux et internationaux.
L'instabilité politique suite à la mort du président pourrait entraîner des manifestations et des troubles sociaux, alimentés par des griefs socio-économiques, des demandes de réformes politiques et des divisions idéologiques au sein de la société iranienne. Les groupes d'opposition pourraient chercher à capitaliser sur la situation pour faire avancer leurs revendications.
Analyse de la situation politique interne
Les défis économiques persistants, y compris les sanctions internationales, l'inflation élevée et le chômage, continuent d'exercer des pressions sur l'Iran. La mort du président pourrait accroître l'incertitude économique et affaiblir la confiance des investisseurs, aggravant ainsi les difficultés financières du pays et augmentant les tensions sociales.
Sur le plan régional, l'Iran reste un acteur majeur, mais ses relations avec les pays voisins et les puissances régionales sont marquées par des tensions et des rivalités. Les interventions iraniennes en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen continuent de susciter des préoccupations et de provoquer des réactions de la part des acteurs régionaux et internationaux.
Les négociations sur le nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, notamment les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, se poursuivent, mais dans un climat d'incertitude accrue en raison de la situation politique instable en Iran. Les pourparlers visent à relancer l'accord nucléaire de 2015, mais des obstacles subsistent, notamment des désaccords sur les conditions de levée des sanctions et sur les garanties de conformité nucléaire de l'Iran.
Malgré les défis internes et externes, l'Iran continue de chercher à renforcer son influence régionale et internationale, en s'appuyant sur ses alliances stratégiques avec la Russie et la Chine, ainsi que sur son rôle de pivot dans la géopolitique au coeur des pays du Moyen-Orient. Cependant, la mort du président pourrait perturber temporairement les plans de l'Iran et donner lieu à des ajustements dans sa stratégie diplomatique et ses relations extérieures.
Scénarios possibles pour les élections à venir
Les prochaines élections anticipées en Iran pourraient déboucher sur plusieurs issues probables, en fonction des dynamiques politiques, sociales et économiques du pays.
Victoire d'un candidat de la ligne dure
Il est possible qu'un candidat de la ligne dure, soutenu par les factions conservatrices et le Corps des Gardiens de la Révolution, remporte les élections. Cela pourrait conduire à une consolidation du pouvoir par les éléments les plus conservateurs du régime et à un renforcement des politiques nationalistes et autoritaires. Dans ce cas, on peut s'attendre à une continuation ou même à une intensification des politiques actuelles en matière de sécurité intérieure, de contrôle des médias et de répression des mouvements d'opposition.
Victoire d'un candidat réformiste ou modéré
Une autre issue possible serait la victoire d'un candidat réformiste ou modéré, soutenu par les segments plus progressistes de la société iranienne. Cela pourrait entraîner un assouplissement des politiques intérieures et une plus grande ouverture politique, économique et sociale. Les réformistes pourraient chercher à renouer le dialogue avec la communauté internationale, notamment en relançant les négociations sur le nucléaire et en cherchant à atténuer les tensions régionales.
Election d'un candidat indépendant ou de compromis
Il est également possible qu'un candidat indépendant ou de compromis remporte les élections, en ralliant un large éventail de soutiens au-delà des clivages politiques traditionnels. Cette issue pourrait conduire à la formation d'une coalition gouvernementale incluant des membres des différentes factions politiques, ce qui pourrait favoriser la stabilité politique et encourager le compromis et la coopération entre les différents groupes politiques.
Election d'un président sans mandat clair
Il est également possible qu'aucun candidat ne remporte une majorité absolue lors des élections, ce qui pourrait conduire à une situation où le président élu n'aurait pas de mandat politique clair. Dans ce cas, la gouvernance du pays pourrait être marquée par l'instabilité politique et la paralysie décisionnelle, ce qui pourrait compliquer la capacité du gouvernement à relever les défis économiques et sociaux auxquels est confronté l'Iran.
Contestation électorale et instabilité
Enfin, il existe le risque d'une contestation électorale généralisée et de l'instabilité politique si les résultats des élections sont contestés par une partie significative de la population. Cela pourrait entraîner des manifestations de masse, des troubles sociaux et une répression gouvernementale, ce qui pourrait affaiblir davantage la légitimité du régime et perturber la stabilité politique du pays.
En conclusion, les issues probables des prochaines élections anticipées en Iran dépendront largement des résultats des élections et des réactions des différents acteurs politiques et sociaux du pays. Les élections pourraient ouvrir la voie à des changements significatifs dans la gouvernance politique et la direction du pays, mais elles pourraient également exacerber les tensions et les divisions internes si elles sont contestées ou manipulées.
La position de Guide Suprême
Cette position trouve ses origines dans la Révolution islamique de 1979, qui a renversé le régime du Shah d'Iran et a établi une république islamique dirigée par l'Ayatollah Ruhollah Khomeini.
Le Guide suprême détient un pouvoir considérable en Iran, à la fois sur le plan religieux et politique :
Autorité Religieuse : Le Guide suprême est le plus haut dignitaire religieux en Iran et est considéré comme un chef spirituel incontesté pour les chiites duodécimains.
Pouvoirs Politiques : Il a une autorité considérable sur les affaires politiques et gouvernementales en Iran. Il a le pouvoir de nommer le chef du pouvoir judiciaire, les membres du Conseil des gardiens, et le commandant des forces armées.
Surveillance et Contrôle : Il supervise également les politiques nationales et étrangères, tout en exerçant une surveillance étroite sur les institutions politiques pour garantir qu'elles sont conformes aux principes islamiques.
Le processus de succession est réglementé par l'Assemblée des Experts, qui est chargée de choisir le prochain Guide suprême en cas de vacance de poste. Le successeur attendu ayant péri dans un crash d'hélicoptère - liant tragiquement son destin à Daniel Balavoine pour l'anecdote.
La position du Guide suprême en Iran est souvent sujette à des débats et des contestations, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il existe, au sein de la société iranienne, différentes opinions sur son rôle et son pouvoir. Les réformistes remettent en question son autorité et son influence politique, plaidant la cause d'une démocratisation plus poussée de la nation et un élargissement des libertés civiles. A l'international, cette position est surtout contestée pour les enjeux d'applications des droits de l'Homme, les libertés civiles et les politiques étrangères de l'Iran. Les sanctions et pressions diplomatiques appliquées à l'encontre de l'Iran sont, pour partie, appliquées en raison des actions et politiques menées par le Guide Suprême.
L'Iran se démarque largement sur la scène internationale, tant par son attachement aux vestiges de l'Empire Perse que par ses politiques tranchées. Le dualisme ancré dans les esprits des Iraniens les rend obstinés dans leur lutte pour le bien, de quoi s'interroger sur leur positionnement tranché dans les politiques étrangères, notamment leurs ambitions au Moyen-Orient, la promotion du chiisme dans un contexte sunite et le nucléaire.
Si leur combat est juste et outrepasse les intérêts économiques, l'escalade du conflit est inévitable et les poussera à reproduire l'antagonisme mythique entre Ahura Mazda à Angra Mainyu - Angra Mainyu étant, évidemment, les Etats-Unis et ses soutiens.






