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La marche acéphale

Dernière mise à jour : 22 sept. 2022



L'égorgé s'égosille dans sa peine. L'idée offusque et bouleverse l'imaginaire.


Le chant du mort peut-il être aussi puissant ? À quel démon le défunt prête-t-il ses notes ? À quel spectre malveillant peut-il ainsi chanter sa sérénade plaintive ?


L'égorgé marqué d'une violence inouïe, et si peu naturelle, ouvre notre monde à la fiction la plus funeste.


Armée sombre de morts et soldats de pierre sont la chorale des Enfers, où barytons ardents rejoignent les altos glacés. Quel raffut, les entendez-vous ?


Ce chant harmonieux, sans note ni voix claire.


Des cris chuchotés et grognés en rythme dont les nuances fragiles laissent place à une émotion malvenue.


Regardez-la, cette chorale. Ce chant militaire porté par ceux qui ne se battront plus, dans une guerre dont ils ne connaissent pas le début et pour laquelle, ils n'envisagent même plus la fin.


Les chaînes et les fissures du marbre sont les instruments de dernier recours pour accompagner cette marche sans dessein.


La Marche Funèbre n'en aura jamais été plus grandiose.


La partition n'importe plus quand les choeurs s'approprient l'essence même d'un compositeur clairvoyant.


Et ainsi, il chantaient sur les marches, les pas rythmés et les tombes se fissurant.


Une marche militaire, sans général ni commandant. Sans affamés ni mourants.

Des plus pures que les dieux aient pu voir, et des plus odieuses que nous ayons suscitées.


- Spleeneuse, novembre 2021



En l'honneur de personnes que vous connaissez et chérissiez, et à leurs voix que vous ne pensez plus jamais entendre...

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