Te rappelles-tu de ces cours de philosophie (ennuyeux ou passionnants selon les goûts) où l'on présentait la sagesse de Socrate ou de Confucius ? Un peu vieux quand on pense que ces deux précurseurs et figures de la sagesse sont tous les deux morts aux alentours du Vème siècle avant J-C (respectivement 399 et 479 avant J-C). Autant dire que ça n'envoie pas que des signaux positifs niveau modernité du concept de la sagesse ! Aujourd'hui, ce serait même une qualité à la dérive. On l'assimile souvent à la connaissance - en évoquant le vieux sage du village par exemple et l'expérience de la vieillesse - et pourtant, ce n'est pas que ça ! Ça n'aurait presque rien à voir... Certains jeunes pouvant être bien plus sages que leurs aïeux.
Depuis quelques années, je m'intéressais aux secrets de l'extraversion, de la joie de vivre et de la sociabilisation et un éclair a traversé mon esprit : je m'apprête à changer mon comportement et mon rapport au monde pour des considérations purement émotionnelles et impulsives. Une pression sociale presque, qui s'exerce sur moi de manière constante. Je m'apprête à modifier mon comportement pour une crainte (ici, de la solitude), plutôt que d'une conviction et d'un comportement vertueux.
J'ai compris que les concepts rouillés de philosophie de l'Antiquité, étaient finalement ceux qu'il fallait à tout prix réintégrer à notre société. On prône la défense et l'intégration des introvertis dans les différents groupes, des timides et de l'acceptabilité, mais nous n'avons jamais été aussi intolérants sur des personnalités qu'aujourd'hui ! En cause ? La perte de l'intérêt envers la philosophie de Socrate et de nos vieux penseurs.
Pour te mettre dans la confidence, la "sagesse" se rapporte au comportement, bien plus qu'à l'aspect statuaire de la connaissance et de la vieillesse. Certains diront que la connaissance peut tout à fait se rapporter au comportement et à l'évolution d'une personne (et ils auraient raison), mais ce n'est qu'une partie infime de ce que la sagesse représente véritablement. La sagesse est en fait la jolie corbeille où se rassemblent toutes les vertus du genre humain, lorsqu'elles sont rattachées à la raison et à la morale. La sagesse s'acquiert au cours d'une vie, et n'est pas innée. Avoir des prédispositions ne fait pas tout !
Un post sur le sujet me paraît important, à l'heure des fêtes, téléréalités, expositions exagérées aux pulsions, aux réseaux sociaux véhéments et aux biens matériels. Je tiens néanmoins à faire un petit disclaimer - je ne suis pas quelqu'un de sage, je cherche simplement à vendre les mérites d'un concept philosophique essentiel, en perdition.
Elle vient du latin sapientia et signifie l'intelligence, le jugement, le bon sens, le savoir, la science, la philosophie et la prudence. Tu vois, rien à voir avec la personnalité mais uniquement des comportements influant ta personnalité pour le mieux.
Quand on essaie d'appliquer ces vertus à notre société actuelle, on se rend compte de l'énorme faussé qui existe entre la philosophie antique et la violence institutionnalisée actuelle (voir des stars de télé-réalités ou des rappeurs s'écharper ne sont pas vraiment les modèles de sagesse auxquels nous devrions aspirer). Je ne te demande pas d'arrêter de les regarder, mais simplement de prendre de la hauteur sur nos différents comportements.
Ce que je reproche à notre nouvelle philosophie, c'est qu'elle n'existe plus. Nos modèles de vertu sont ceux qui parleront plus forts et forceront le respect plutôt que de l'inspirer. Je ne suis pas quelqu'un de sage, puisque mon bon sens est au stade embryonnaire et mon jugement trop souvent altéré par des broutilles et des considérations foireuses mêlées à une pléthore de principes minables. Pour autant, quand on force quelqu'un à s'investir dans une fête, fumer ou boire (pour les plus jeunes d'entre nous), sous prétexte que c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour s'intégrer dans notre société, je veux mettre un énorme STOP.
Si l'on intégrait le principe de sagesse de manière plus généralisée, vous pourriez déjà mettre un terme au concept de téléréalité. Et pourtant, nous vivons dans un monde ouvert, public et surexposé, faisant de nos vies une scènette de quartier. Hollywood et ses femmes divas, adolescentes gâtées et hommes stéréotypés sont également de la partie ! La sagesse de Socrate a perdu du terrain, au point de n'être qu'un simple petit territoire insulaire au large de notre empire impulsif.
Je vais reprendre l'exemple de la téléréalité et des conflits quotidiens. Tu imagines les marseillais ou les Chtis (si certains ne connaissent pas, regardez au moins un épisode pour comprendre pourquoi la sagesse devrait devenir une exigence sociale), avec des participants uniquement munis de bon sens et de jugement ? Je ne parle pas d'intelligence ni de savoir, rien que du bon sens et du jugement, pouvant être accessible à tous, même à ceux qui se sous-estiment. Tout le monde peut avoir accès au bon sens, écouter l'autre, comprendre sa position et faire un compromis. Le problème, est que notre chère culture se voit confrontée à des personnes entraînées dans une course à la fierté et à la victoire sur l'autre. Le simple fait de laisser passer quelqu'un ou laisser une place à côté de soi dans le métro devient une véritable conquête de territoire (#parisianlife). La sagesse a été remplacée par une philosophie désignée, comme on désignerait un avocat de manière arbitraire à un criminel. Une philosophie désignée, prenant des airs de films d'actions, de romans à l'eau de rose, de musique mélancolique et engagée ou encore une philosophie aux airs d'embrouille de poissonniers. Parlons-nous seulement encore de philosophie à ce stade ? Quand la philosophie questionnait autrefois notre existence avec le cogito, aujourd'hui nous ne pensons plus à "nous" ou au "moi" mais au moyen d'accéder à ce "moi" qui ne se présentera jamais ou que l'on refusera de voir, de peur qu'il soit incompatible avec une nouvelle philosophie générale qui, paradoxalement, n'a jamais été aussi individualiste. Nous cherchons plus que jamais notre place dans le monde, entre progressions sociales et défis environnementaux.
Nous ne sommes plus dans une philosophie de sagesse, mais dans une philosophie de bouc émissaire se rongeant constamment la queue. Nous sommes notre propre bouc émissaire, et nous nous subissons nous-même. Rien à voir avec la sagesse.
Devenir quelqu'un de sage, ce n'est pas devenir quelqu'un d'ennuyeux. C'est devenir quelqu'un et se retrouver sans avoir besoin d'un intermédiaire. C'est prendre de la hauteur sur ses défauts et qualités, en admettant ne pas ressembler au voisin et mettre en avant une complémentarité plutôt qu'une similitude. Devenir sage, c'est se laisser guider par la raison, la prudence et la morale, en s'accordant des plaisir raisonnés et non plus impulsifs. Devenir sage, c'est aussi traiter les gens avec intelligence et en optant toujours pour le meilleur jugement. Celui qui admet avoir tort sera celui qui aura constamment raison.
Ce post sera sûrement complété par un autre d'ici peu. Je voulais simplement te faire comprendre ou essayer d'entamer une conversation en te montrant ce qui peut être changé pour que nous nous sentions mieux dans notre peau, car la personne qui sait juger convenablement les autres avec objectivité et réserve, se réservera le même sort. À terme, tu verras que c'est bien plus bénéfique que de se perdre dans les méandres de la comparaison avec les différentes industries ;)
Merci pour ta lecture et à bientôt ;)
Prend une pause pour respirer et réfléchir à tes actions : te considères-tu comme sage ?
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