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De la flame s'imprime le vent




Cette voie cachée existe, quand la rencontre de la brebis avec son ennemi ne matérialise aucune haine. Quand les préconçus d'une fatalité se transforment en une surprise heureuse.


La belle vacillante, pâle et fiévreuse regardait le monde en tremblant. Un air de feu, une chevelure chatoyante, son âme fragile ne supportait aucun tourment. D’aucun de l’admirait sans y voir une force inconnue, malgré un état éphémère sévère. Existence maladive ou vouée à détruire, la belle ne regardait les autres que d’un oeil hautain, que son état ne permettait guère. Savait-elle quelque chose que nous ignorions tous ? La pupille ne voyait-elle aucune issue aux catastrophes du temps, ou y voyait-elle le simple sort d’une humanité trop audacieuse ?

Pâle et fiévreuse, la maladie définit les forces qui nous submergent. Un déni de sa force, un déni de son savoir et de sa puissance. Mourrait-elle véritablement en ces termes, ou s’effondrerait-elle accompagnée d’une étiquette peu flatteuse, accrochée à un orteil ?


Les croque-morts ne font que leur travail, en accrochant ce que bon nous semblait.

La demoiselle, horrifiée, se mettait en tête d’accepter un sort qu’elle ne choisissait pas. Tourmentée, agitée, essoufflée, sur son chemin elle croisait cette force incombustible. Un esprit torrentiel, écartant les marées et pliant les cimes. Cette seule force capable d’apaiser les brasiers ou réveiller les forces incendiaires.

Dans cette valse où l’un perd contre un autre impuissant, du quel avons-nous le plus peur ?


Celui qui départage le lot final est celui qui aura misé sur sa plus grande faiblesse pour détrôner l’autre.



Le robuste et costaud gaillard, que jamais personne n’a appelé, toujours présent et jamais las, souffle dans nos oreilles, la promesse d’une loyauté sans faille. Appelez-le pour qu’il réponde à vos chants, inclinez votre tête vers les hauts sommets pour le voir victorieux sur la hiérarchie qu’il a créé. Doux personnage omniprésent, à la constance et au souffle solide, son endurance n’a pas d’égal.

La belle, le regarde admirative. Cet être qui pourrait être son bourreau ou son sauveur.

Le quidam la regarde d’un oeil complaisant, de celui qui cerne la braise avant l’incendie. Celle qui donnerait à son oeuvre, tangibilité et pouvoir renouvelé.


Égarée dans les brindilles asséchées, la pauvre demoiselle se cache sous un tronc pourri à l’arrivée de cet inconnu.


Hésitant mais persistant, le diable renforce son approche et fait sortir la timide de son abri.

Elle vacille en s’étant levé trop tôt, la surprise l’étourdit, menace de s’effondrer.

Affolé et coupable, il se précipite vers elle, crie en perdre haleine « à l’aide ! », réveillant cette femme embrasée.


Dans cette danse silencieuse, la belle n’a jamais été aussi imposante, le quidam n’a jamais été aussi vivant.


La Forêt décimée, les deux tourtereaux ont matérialisé un fragile équilibre.

À la belle manquait la constance, à l’autre manquait un but. La destruction unissait, à l’unisson, l’ambition d’une existence, qui jamais n’aurait pris forme sans la désolation d’un autre.




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