23 juin 1894, renaissance des Jeux grâce à Pierre de Coubertin et les délégués de 12 pays réunis à la Sorbonne pour soutenir sa proposition. S'ensuit la création du Comité International Olympique. Depuis ce jour, le 23 juin est une journée symbolique pour célébrer le sport et l'Olympisme.
Le motto : apprendre, bouger et découvrir.
De 1912 à 1948, les jeux olympiques organisaient aussi des épreuves artistiques, dans 5 disciplines rattachées au sport : l'architecture, la peinture, la sculpture et la littérature ! Pour cette occasion et pour ne pas influence le jury, Coubertin - créateur de ce beau concept - prendra le joli sobriquet de Hohrod et Eschbach. Dans ce "Pentathlon des Muses", Pierre décrochera la médaille d'or avec son Ode au sport.
De quoi nous motiver à les accueillir en 2024, non ?
I. O Sport, plaisir des Dieux, essence de vie, tu es apparu soudain au milieu de la clairière grise où s’agite le labeur ingrat de l’existence moderne comme le messager radieux des âges évanouis, de ces âges où l’humanité souriait. Et sur la cîme des monts, une lueur d’aurore s’est posée; et des rayons de lumière ont tacheté le sol des futaies sombres.
II. O Sport, tu es la Beauté ! C’est toi, l’architecte de cet édifice qui est le corps humain et qui peut devenir abject ou sublime selon qu’il est dégradé par les passions viles ou sainement cultivé par l’effort. Nulle beauté n’existe sans équilibre et sans proportion et tu es le maître incomparable de l’un et de l’autre car tu engendres l’harmonie, tu rythmes les mouvements, tu rends la force gracieuse et tu mets de la puissance dans ce qui est souple.
III. O Sport, tu es la Justice ! L’équité parfaite en vain poursuivie par les hommes dans leurs institutions sociales s’établit d’elle même autour de toi. Nul ne saurait dépasser d’un centimètre la hauteur qu’il peut sauter ni d’une minute la durée qu’il peut courir. Ses forces physiques et morales combinées déterminent seules la limite de son succès.
IV. O Sport, tu es l’Audace ! Tout le sens de l’effort musculaire se résume en un mot : oser. A quoi bon des muscles, à quoi bon se sentir agile et fort et cultiver son agilité et sa force si ce n’est pour oser ? Mais l’audace que tu inspires n’a rien de la témérité qui anime l’aventurier lorsqu’il livre au hasard tout son enjeu. C’est une audace prudente et réfléchie.
V. O Sport, tu es l’Honneur ! Les titres que tu confères n’ont point de valeur s’ils ont été acquis autrement que dans l’absolue loyauté et dans le désintéressement parfait. Celui qui est parvenu par quelque artifice inavouable à tromper ses camarades, en subit la honte au fond de lui-même et redoute l’épithète infamante qui sera accolée à son nom si l’on découvre la supercherie dont il a profité.
VI. O Sport, tu es la Joie ! A ton appel la chair est en fête et les yeux sourient; le sang circule abondant et pressé à travers les artères. L’horizon des pensées devient plus clair et plus limpide. Tu peux même apporter à ceux que le chagrin a frappés une salutaire diversion à leurs peines tandis qu’aux heureux tu permets de gouter la plénitude du bonheur de vivre.
VII. O Sport, tu es la Fécondité ! Tu tends par des voies directes et nobles au perfectionnement de la race en détruisant les germes morbides et en redressant les tares qui la menacent dans sa pureté nécessaire. Et tu inspires à l’athlète le désir de voir grandir autour de lui des fils alertes et robustes pour lui succéder dans l’arène et remporter à leur tour de joyeux lauriers.
VIII. O Sport, tu es le Progrès ! Pour te bien servir, il faut que l’homme s’améliore dans son corps et dans son âme. Tu lui imposes l’observation d’une hygiène supérieure; tu exiges qu’il se gare de tout excès. Tu lui enseignes les règles sages qui donneront à son effort le maximum d’intensité sans compromettre l’équilibre de sa santé.
IX. O Sport, tu es la Paix ! Tu établis des rapports heureux entre les peuples en les rapprochant dans le culte de la farce contrôlée, organisée et maîtresse d’elle-même. Par toi la jeunesse universelle apprend à se respecter et ainsi la diversité des qualités nationales devient la source d’une généreuse et pacifique émulation.
Pierre de Coubertin, alias Hohrod et Eschbach, Revue Olympique, 1912, pp. 179 -181, Brochure spéciale, Lausanne 1912.
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