Je commence cet article le mardi 11 juin 2024, deux jours après le résultat des élections européennes.
Tout le monde voit le chaos, les surprises successives, c’est l’euphorie, tous les problèmes ont disparu, il n’y a que des camps avec des frontières floues que des partisans défendent on ne sait trop pourquoi.
Un jeu de dames sans adversaire
Contre les fachos ou contre les gauchos, rien de plus discernable. C’est la course haletante à la nouvelle. Mme Maréchal qui ouvre une voie à l’entente sous les yeux de M. Zemmour surpris que Mme Le Pen et M. Bardella la reçoive. M. Ciotti en chef de parti fait un choix de meneur, lui aussi vers l’entente. NDA suit, en rappelant qu’il avait été LE premier à faire l’union des droites avec Mme Le Pen en 2017. La Gauche essaie de s’unir face au “Fascisme”, mais ils ont tous de légers désaccords, Israël/Palestine, pro/contre nucléaire, LGBT/Islam. Arrêtons-nous là, cela est suffisant pour qu’ils se battent encore 10 ans (ou plus) pour “la cause”.
Les rideaux s'écartent ...
Néanmoins, tout cela est encore du théâtre démocratique et du subterfuge. Essayons-nous à un pas de côté pour chercher “les mouvements d’astres” immuables au-delà de ce qu’on pourrait croire être des opportunismes.
D’abord, le score :
RN : 31,4 %
Renaissance : 14,6 %
PS : 13,8 %
LFI : 9,9 %
LR : 7,3 %
EELV : 5,5 %
Reconquête : 5,5 %
Grossièrement : Gauche : 29.2%, Centre : 14.6%, Droite : 44.2%, (à la division près des LR aussi schizophrène que la rédaction du Figaro)
Comme si ce résultat (défaite de l’exécutif en place) n’était pas du tout attendu. La carte de la dissolution de l’Assemblée Nationale était parfaitement préparée.

... et voici la scène
Le conseil constitutionnel signale que le délai avant l’élection serait trop court. Vont-ils forcer un report ? Encore une fois du théâtre sous couvert de démocratie pour faire parler dans les chaumières et ainsi gagner du temps. Ils mangent dans la main de l’Élysée.
Depuis quand le RN, “ces descendants de Nazis”, ont la parole dans l’espace public ? Grâce à M. Zemmour qui attire toute l’attention par sa “haine sans limite”, mangeur d’enfants ? Non plus. Consulter l’emploi du temps de M. Bardella, il y a un avant et un après.
Une boussole intéressante est M. Habib. Nous l’avons connu colérique, tumultueux, ces dernières semaines, défendant sa patrie comme un lion. Il fut d’une tendresse d’agneau aujourd’hui au sujet de “ces 40% de français qui votent à droite et qui ne sont pas des racistes”. Ses ennemis, “soutenant les terroristes” sont à LFI. Encore une fois c’est trop peu.
Qui a défendu une trêve et la paix en Ukraine, arrêté cette boucherie, ce détournement de fonds masqué que l’on appelle soutien financier de guerre, ou encore proposé les services diplomatiques français comme intermédiaire neutre ?
Qui a parlé d’Israël et de la Palestine en demandant la fin des hostilités mutuelles, et surtout l’arrêt immédiat d’attaque sur les civils, qui a proposé un soutien humanitaire pour les populations en difficulté ?
Qui a demandé des comptes sur la calamiteuse organisation des Jeux Olympiques ?
Qui a alerté sur la situation financière, la charge de la dette, le budget 2025, la sortie de l’euro ?
Qui a réclamé la pénalisation de l’homicide prénatal ?
Qui aurait porté ces sujets en ayant une droiture morale sans mœurs équivoques ?
Personne.
Personne pour déloger raisonnablement le président, qui se déclare lui-même perdant par la dissolution.
La Droite triomphe, c’est son moment de gloire, l’unique opportunité depuis des années. Quelle candeur. Les plus tendres sont naïfs, les autres jouent leur partition.
Comme si, de toutes les questions précédentes, il n’allait pas falloir passer à la caisse et se faire violenter. Cherchons un idiot utile. Un spécialiste de Call Of Duty, peut-être un peu moins d’histoire, de littérature, d’identité, d’économie, de géopolitique, de dogme ?
Combien d'acte pour ce drame ?
M. Bardella sera sûrement premier ministre. S’il est mauvais, il condamne Mme Le Pen pour 2027. S’il est bon, il poussera Frère Emmanuel à la démission (il s’y pousserait seul de pleine grâce). Le sujet de la succession de mandat, le Conseil Constitutionnel n’en ferait qu’à sa tête comme d’habitude, et le meilleur des candidats serait de nouveau lui-même, à en lever les bras devant le Louvre.

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